Avec Joan Sutherland (1926-2010) dans le rôle titre.
Dans le Casta Diva, un des exercices les plus difficiles du belcanto pour une soprano coloratur, elle n'a rien à envier à Maria Callas.
L'Opéra de Sydney est composé de quatre salles, une salle de concert, une d'opéra, et deux de théâtre. Depuis le 16 octobre 2012, soit deux ans après la mort de Joan Sutherland, la salle d'opéra porte désormais son nom.
Vincenzo Bellini: Norma
Sydney Opera House, Australia, 1978
Norma - Joan Sutherland
Oroveso - Clifford Grant
Adalgisa - Margareta Elkins
Pollione - Ron Stevens
Clothilde - Etela Piha
Flavio - Trevor Brown
The Australian Opera Chorus
The Elisabethan Sydney Orchestra
Conductor - Richard Bonynge
Director - Sandro Sequi
TV Director - William Fitzwater
Norma est un opéra en deux actes de Vincenzo Bellini, sur un livret de Felice Romani, d'après la tragédie d'Alexandre Soumet Norma ou l'Infanticide. L'opéra fut créé le 26 décembre 1831 à la Scala de Milan sous la direction du compositeur avec Giuditta Pasta dans le rôle de Norma et Giulia Grisi dans celui de Adalgisa. Le rôle-titre était trop élevé pour Pasta et la première fut un échec. Après transposition d'un demi-ton, la quatrième représentation fut un triomphe.
Norma est à la fois orgueilleuse, passionnée, vindicative et la difficulté du rôle est de faire ressortir ces sentiments en plus de l'épreuve vocale car le rôle de Norma passe pour être vocalement difficile.
L'action se déroule en Gaule sous l'occupation romaine, et expose l'intrigue amoureuse qui lie Pollione, proconsul romain, épris de la jeune prêtresse "Adalgisa" à Norma, la grande prêtresse, son ancienne et secrète compagne dont il a eu deux enfants. À cette intrigue, se mêle le soulèvement du peuple gaulois contre l'occupant, mené par le druide Oroveso.
Grande prêtresse du temple druidique, Norma, en rompant ses vœux de chasteté, a eu de Pollione, proconsul romain, deux enfants. Cependant Norma découvre que Pollione est également amoureux d'une jeune prêtresse, son amie, Adalgisa. En vain, Norma tente de convaincre Pollione de renoncer à Adalgisa et de lui revenir. Norma avoue alors publiquement sa faute et est condamnée à mort. Pollione est condamné pour avoir poursuivi Adalgisa dans le temple et monte au bûcher avec Norma.
Le rôle-titre de Norma est considéré comme l'un des plus difficiles du répertoire des sopranos. Les cantatrices Rosa Ponselle, Maria Callas, Anita Cerquetti, Joan Sutherland et Montserrat Caballé ont, au XX siècle, marqué de leur interprétation ce rôle qui requiert à la fois une grande technique lyrique et des qualités de tragédienne. À ce jour (2006) les grandes titulaires du rôle sont rares. Au niveau international, la soprano arménienne Hasmik Papian passe pour en être l'une des meilleures interprètes actuelles. Norma a également été interprétée par l'Américaine June Anderson, la Slovaque Edita Gruberová, la Moldave Maria Bieșu et l'Américaine Catherine Naglestad.
La lettone Marina Rebeka fait, en 2019, une Norma remarquable au Théâtre du Capitole de Toulouse.
Le rôle de Norma requiert de la part de son interprète la technique la plus accomplie : le célèbre aria Casta Diva (cavatine), invocation mystique à la lune, est une leçon belcantiste : longueur du souffle, précision des vocalises jusqu'au contre-ut, par trois fois. De même pour le bouleversant arioso qui ouvre le second acte. Si les graves de Norma sont abondamment sollicités dans les passages les plus sombres, un soprano dramatique ne peut convenir pour le rôle car est exigée une extrême agilité vocale : dans les instants où culmine la fureur de l'héroïne, se libèrent des coloratures di bravura dont la réalisation exige la plus grande virtuosité. On songe notamment au terrible saut d'une octave et demie qui conclut, par deux fois, le Oh, non tremare ou bien au contre-ut de feu jeté avec rage à la fin du récitatif du temple d'Irminsul.
En outre, Bellini s'est attaché à donner aux récitatifs un relief particulier, en tentant de fusionner les composantes textuelles et musicales : aussi comprend-on que ce serait une fâcheuse méprise pour une prima donna de chanter ces récitatifs avec la négligence habituelle qu'on leur accorde. Le Sediziose voci instaure d'emblée le ton altier et souverain de la grande phrase déclamatoire ; le Vanne e li celi entrambi est l'union subtile, et si constitutive de la psychologie de l'héroïne, de l'affection d'une mère et de la fierté d'une femme ; quant au célèbre arioso Teneri figli, l'une des plus parfaites mélodies belliniennes, qui a inspiré une étude à Chopin, il est intégré à un récitatif particulièrement dramatique, celui d'une infanticide qui doute. Et comment ne pas mentionner la perfection dépouillée de l'aveu final de Norma : sur un sol a cappella, la prêtresse met littéralement à nu sa faute. On l'aura compris, Norma n'est pas une œuvre qui cultive l'exubérance et les effets faciles ; bien au contraire, elle procède de la pureté du chant et de la quintessence du drame.