• Espace privé
  • Rechercher
  • Films
marcherin.be
menu
  • Art
    • Liste des articles Arts
    • OperaVision
  • Histoire
  • Visites
    • Liste des articles Visites
    • Périgord
  • Actualités
  • Sciences
    • Liste des articles Sciences
    • Cancer
    • Covid
    • MCL, PD, AD
    • Préhistoire
  • Blog
  • NEW

Breadcrumbs

  • Vous êtes ici :  
  • NEW

ARTICLES RÉCENTS

Boucle de Hauteclair - Saint-Léon-sur-Vézère - 30 septembre 2025

Détails
Catégorie parente: Visites
Catégorie : Périgord
Publication : 4 octobre 2025

Saint-Léon-sur-Vézère

Boucle de Hauteclair 10,6 km

Saint-Léon-sur-Vézère

Image 2 10 25 à 12.53

 

Saint-Léon-sur-Vézère est un petit bourg de 430 habitants classé parmi les « plus beaux villages de France » depuis 1983, soit un an après l'introduction du label. Au nombre de villages labellisés, la Dordogne, avec 10 villages arrive en deuxième position après l'Aveyron. Huit de ces villages se trouvent en Périgord noir, à proximité des rivières Dordogne et Vézère. Monpazier est en Périgord pourpre et Saint-Jean-de-Côle en Périgord vert.

Saint-Léon est situé sur le bord d'un cingle de la Vézère (un cingle signifie un méandre dans le sud-ouest) approximativement à mi-distance entre les communes des Eyzies et de Montignac-Lascaux, les deux hauts-lieux de la « Vallée de l'Homme », puisque c'est aux Eyzies qu'a été découvert en 1868 l'abri Cros-Magnon contenant les restes d'individus datés d'environ 28000 ans ainsi que des artefacts, outils en silex et bijoux de culture gravetienne. 

C'est à Montignac qu'a été redécouverte la grotte de Lascaux, une des plus spectaculaires grottes ornées de France, en 1940. Très récemment, en 2020, à l'occasion des 80 ans de cette redécouverte, le nom de Lascaux a été officiellement adjoint au toponyme de Montignac. La grotte de Lascaux, aux peintures rupestres polychromes, est un des quatres plus grands joyaux des grottes ornées françaises, avec Chauvet, Cosquer et Cussac. Ses peintures pariétales datent environ de 18000 ans avant le présent (AP) et est donc de culture magdalénienne ancienne. L'époque magdalénienne est la dernière période du paléolithique récent, avant l'apparition du néolithique, voyant le sédentarisation de l'homme et son développement de l'agriculture, à la fin de l'époque glaciaire. La toute grande partie des abris paléolithiques retrouvés dans cette vallée de l'homme entre Montignac et les Eyzies sont d'ailleurs d'époque magdalénienne, notamment le site préhistorique de La Madeleine, à Tursac, qui a donné son nom à cette époque de la préhistoire.

Sur le territoire communal de Saint-Léon-sur-Vézère, on trouve plusieurs abris datant du paléolithique récent. Ces abris sont en assez mauvais état. Ils sont situés principalement au nord-est du territoire communal, près du château de Belcayre, à courte distance de la commune de Thonac. Ils ont été occupés à diverses époques, allant du moustérien récent au magdalénien en passant par le châtelperronien, l'aurignacien et le gravettien, soit une période allant environ de 50000 ans à 17000 ans AP, si on pense que les artefacts moustériens sont contemporains de ceux de l'abri du Moustier, qui a donné son nom à cette époque, situé à la limite des territoires communaux de Saint-Léon et de Peyzac-le-Moustier situé plus en aval. Le moustérien est une longue époque d'utilisation d'objets lithiques par les Néandertaliens, allant d'environ 200000 ans à 40000 ans AP. Le crâne de Néandertalien retrouvé au Moustier est toutefois daté d'environ 56000 à 40000 ans AP. Le châtelpérronien est la dernière époque de culture néandertalienne, de 45000 ans à 38000 ans AP. Ils ont très vraisemblablement vu arriver les premiers hommes modernes, les Aurignaciens, en France et ont certainement en partie cohabité avec ceux-ci. La grotte Chauvet, à Vallon-Pont-d'Arc en Ardèche, une des plus somptueuses grottes ornées de France, date de l'époque aurignacienne qui s'étend d'environ 43000 à 30000 AP. Ils seront remplacés par les Gravettiens, dont la culture est connue pour ses figurines de vénus, et son industrie lithique pour ses silex éfilés, les gravettes, du nom du site près de Bergerac, où les premiers d'entre eux ont été retrouvés. Ces gravettes éfilées servaient de pointes de projectiles, flèches ou sagaies, et marquent donc un progrès notable dans l'art de la chasse, puisque cette civilisation, s'étendant de 30000 à environ 23000 AP, avait ainsi appris à se protéger du danger d'approcher l'animal de trop près. Les grottes ornées de Cussac au sud de la Dordogne (env. 29000 ans AP) et Cosquer dans les calanques de Marseille (env. 27000 ans AP) sont typiques de la culture gravettienne. Cette culture, ayant atteint un grand niveau de modernité, tant de par son industrie lithique que son expression artistique et ses rituels funéraires, a disparu assez soudainement, il y a 23000 ans AP. Cela correspond au dernier maximum glaciaire de la période paléolithique, qui a culminé vers 21000 ans AP. La population a fortement décliné. Elle s'est surtout réfugiée à l'extrême sud de l'Europe, et dans le sud-ouest de la France, l'industrie lithique a fortement décliné pendant quelques millénaires pour en revenir à des outils proches du moustérien. Cette période s'étendant environ de 23000 ans à 18000 ans AP est référencée comme solutréen ou épigravettien. Elle a fait place à la dernière culture du paléolithique récent : le magdalénien, s'étendant d'environ 18000 ans à 14000 ans AP. C'est de cette période que correspond la grotte ornée polychrome de Lascaux. Les datations récentes indiquent environ 18000 AP, soit le magdalénien ancien.

Le territoire communal de Saint-Léon-sur-Vézère possède donc un assez grand nombre de sites archéologiques du paléolithique, même si la majorité des artefacts qui y ont été retrouvés ont été transférés dans des musées. Au musée de Berlin et à celui des Eyzies notamment. Saint-Léon est donc un des endroits majeurs, témoins de l'occupation par Homo sapiens de cette partie de la Vézère, de Montignac aux Eyzies, surnommée Vallée de l'Homme.

Le village de Saint-Léon, nous l'avons dit, est classé parmi le Plus Beaux Villages de France. Et à juste titre. Le village est petit, on en a vite fait le tour, mais les maisons y sont typiquement périgourdine, et on y trouve plusieurs édifices remarquables : Le donjon et manoir de la Salle, datant du XVe siècle, à l'entrée du village, l'église romane Saint-Léonce (Léonce étant une ancienne variante du nom Léon), au bord de la Vézère, et le château de Clérans du XVIe siècle, également au bord de la Vézère, transformé aujourd'hui en hôtel de luxe. Entre l'église, et le château de Clérans, je recommande un petit coin très sympa, le Déjeuner sur l'Herbe, pour y boire un verre au bord de la Vézère et y goûter à leur petite restauration : pain, viennoiseries, charcuterie et fromages. Pour la petite histoire, en dehors du vilage, à l'ouest du cingle, il y a un autre château, aussi du XVIe siècle, classé également aux Monuments Historiques comme les édifices mentionnés plus haut, le Château de Chaban, qui inspira à Jacques Chaban-Delmas qui passait devant, son nom de résistant.

La Boucle de Hauteclair

Et donc, sur le versant droit de la Vézère, au nord du village, il y a une très belle boucle de randonnée de 10,6 km, la Boucle de Hauteclair, partant de l'entrée du village, où se trouve la mairie et le parking qui nous amène à flanc de coteau, 260 mètres plus haut, avec un dénivelé positif total de 391 mètres. Nous en avons fait le tour ce 30 septembre 2025.

Image 1 10 25 à 14.59

 

  •  


     

    Entretien avec Claudia Cardinale « Dans mon cinéma » de Dominique Warluzel - 13 août 2014

    Détails
    Catégorie : Blog
    Publication : 25 septembre 2025

    Dans mon cinéma, le 13 août 2014

    En hommage à Claudia Cardinale, décédée ce 23 septembre 2025

    Dominique Warluzel est un avocat genevois (1957-2022), également animateur sur la Télévision Suisse Romande et amateur de cinéma. À ce titre il crée en 2010 cette série d'émissions d'interviews d'acteurs et d'actrices francophones. Il y fera 24 émissions avant que les complications de son AVC  le contraignent à jeter l'éponge.

    Voici donc l'interview de Cladia Cardinale, le 13 août 2014, quand elle avit 76 ans.

    Sorry, your browser doesn't support this video format.

     


     

    Préhistoires de France - présentation de son livre par Jacques Jaubert

    Détails
    Catégorie parente: Sciences
    Catégorie : Préhistoire
    Publication : 22 septembre 2025

    Préhistoires de France ( 2e édition - 2018 )

    Conférences aux Eyzies et à Lascaux

    Image

    A l’occasion de la parution en novembre 2018 d’une deuxième édition, augmentée et entièrement actualisée de son ouvrage Préhistoire de France, Jacques Jaubert nous propose un voyage à travers 1 000 000 d’années. Conçu comme une histoire de France, ce livre raconte sa préhistoire comme une suite de récits reliés ensemble. Une cartographie importante permet au lecteur de comprendre la progressive implantation de l’espèce humaine sur le « territoire français ».

    Il y a quelque chose de paradoxal à raconter la Préhistoire de France, c’est-à-dire celle d’un territoire alors indéfini. C’est pourtant le pari de ce livre de restituer, à partir des éléments connus, le progressif peuplement de ce qui deviendra la France. On mesure l’ampleur de la tâche : près d’un million d’années en comparaison de nos 2 000 ans d’Histoire.

    Des premiers Antecessor qui foulent le sol du Sud de la France jusqu’à l’homme de Tautavel qui vivaient dans les Pyrénées Orientales à – 450 000 ans, de l’arrivée des Néandertaliens vers 250 000 ans jusqu’à celle des Homo sapiens à partir de 40 000, et de la progressive prise de pouvoir par ceux-ci sur l’ensemble du territoire, c’est une extraordinaire histoire d’implantations et de migrations, pleine de blancs et d’incertitudes.

    A travers de nombreux encarts et des illustrations inédites, les grandes révolutions de l’espèce humaine sont expliquées, la conquête du feu, la maîtrise du silex, la fonction de chasseur-cueilleur qui sera la grande aventure des préhistoriques, la conscience de la mort, la découverte de l’art qui s’épanouit chez Sapiens et dans les grandes grottes ornées. Le livre se clôt avec le début du Néolithique, à -7 000 ans, avec l’agriculture et la progressive sédentarisation de l’homme. Après le succès de la première édition, épuisée en moins d’un an, cette nouvelle édition comprend de nombreuses photographies inédites, des représentations de chaque espèce humaine évoquée, la mise à jour des informations, de nouveaux chapitres et les toutes dernières découvertes, comme celles de la grotte de Bruniquel.

    L'auteur
    Jacques Jaubert est professeur de Préhistoire à l’Université de Bordeaux, PACEA (De la Préhistoire à l’Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie) – UMR 5199 (CNRS-UB-MCC). Spécialiste du Paléolithique moyen et des Néandertaliens. Il a obtenu sa maîtrise et son doctorat à l’Université Paris-I Panthéon-Sorbonne. Il est membre du comité de rédaction de plusieurs revues nationales et internationales, et en charge du projet scientifique de la grotte de Cussac. Il est à l’origine, avec Sophie Verheyden, des récentes découvertes dans la grotte de Bruniquel.

     

    Conférence au Pôle d'Interprétation de la Préhistoire des Eyzies

    Conférence à Lascaux

     

     


     

    Joan Baez, I am a noise

    Détails
    Catégorie : Blog
    Publication : 10 septembre 2025

    I Am A Noise ( titre français : À Voix Haute )

    Joan Baez I am a noise start

    Adapté du commentaire sur le site d'ARTE :

    Filmée lors de sa tournée d'adieu à la scène, en 2018-2019, Joan Baez dévoile en parallèle la part d'ombre qui la hante depuis l'enfance. Ce portrait intime de la chanteuse à la voix d'ange puise dans de formidables archives, publiques et privées.

    En 2018-2019, alors âgée de 78 ans, Joan Baez fait ses adieux à la scène lors d'une longue tournée à travers les États-Unis et en Europe (j'ai eu l'occasion de la voir à l'Olympia le 13 juin 2018). En parallèle, celle que la presse baptisa la "madone aux pieds nus" après avoir découvert sa voix extraordinairement pure au Newport Folk Festival, en 1959, ouvre ses archives personnelles méticuleusement classées (films, photos, lettres et cassettes audio) pour remonter le fil de son histoire. Comme en témoigne ce rapport d'un psychiatre envoyé à ses parents lorsqu'elle a 8 ans, faisant état de "graves troubles émotionnels", l'angoisse est une compagne familière, aussi loin que remontent ses souvenirs. Comme sur ces films et photos de famille d'une grâce folle où elle apparaît avec sa sœur aînée Pauline et sa cadette Mimi, cette part d'ombre contraste avec l'image de sérénité et de force qu'elle dégage, sur scène ou dans son activisme politique.

    Le sens de sa vie

    Face aux trois coréalisatrices, qu'elle accueille aussi dans sa maison californienne ouverte sur la nature, Joan Baez déroule la chronologie d'une existence passée en grande partie sous l'œil des photographes et des caméras, de sa gloire précoce à son histoire d'amour et de musique avec "Bobby" Dylan, de son engagement pour les droits civiques et la paix au Viêtnam à sa relation longtemps douloureuse avec son fils Gabriel Harris, qui participe à son ultime tournée. Avec un touchant mélange de franchise et de détermination, elle offre sa version à elle du sens de sa vie, en partie méconnu : le combat qu'elle a mené secrètement contre la détresse psychique, en marge de son éclatante carrière musicale et de son militantisme. Elle et sa sœur Mimi ont-elles été abusées, enfants, par leur père Albert, charismatique physicien qui a toujours protesté de son innocence, et avec lequel elle est restée en relation jusqu'à sa mort ? Elle s'abstient de trancher, même si elle en fait l'hypothèse. Bercé par ses chansons et nourri d'archives fabuleuses, dont ses propres lettres et dessins inédits, ce portrait en forme de testament apaisé frappe aussi par son honnêteté distanciée.

    Réalisation  Karen O’Connor, Miri Navasky, Maeve O’Boyle, Etats-Unis 2023

     


     

    Évolution des niches écologiques d'Homo sapiens et de plus anciens hominidés en Afrique et en Eurasie

    Détails
    Catégorie parente: Sciences
    Catégorie : Préhistoire
    Publication : 26 août 2025

    Un article récent publié sur le site web de Nature, le 18 juin 2025 et dans la revue, le 7 août 2025 modélise les migrations d'Homo sapiens en Afrique depuis 120000 ans jusqu'à 70000 ans avant le présent, en évoluant au travers de nouvelles niches écologiques telles que forêts et déserts, s'adaptant ainsi à des environnements divers, avant sa sortie d'Afrique pour conquérir toute l'Eurasie. Le correspondant du journal, William Banks, qui en fait la synthèse ci-dessous, travaille en France comme anthropologue au CNRS de Talence, au laboratoire PACEA ("De la Préhistoire à l’Actuel : Culture, Environnement et Anthropologie") à l'Université de Bordeaux. Il fait également réfrence dans cette synthèse, aux niches écologiques occupées en Eurasie, avant l'arrivée d'Homo sapiens par d'autres hominidés comme Homo erectus ou Homo neandertalis.

    NATURE NEWS AND VIEWS 18 Juin 2025

    Homo sapiens s'est adapté à divers habitats avant de réussir à peupler l’Eurasie.

    Une modélisation écologique révèle que la diversité des habitats occupés par l'homme en Afrique s'est accrue avant que notre espèce ne s'établisse durablement hors du continent.

    Par William E. Banks

     

    Homo sapiens s'est répandu à travers le monde grâce à sa capacité d'adaptation culturelle et technologique à une diversité de conditions environnementales (niches écologiques). Les migrations réussies d'Homo sapiens hors d'Afrique, donnant naissance à des populations durables ailleurs, ont commencé il y a peu après 60 000 ans, lorsque des groupes ont quitté le continent africain de manière soutenue. Vers la fin de la dernière période glaciaire, il y a un peu plus de 20 000 ans, les chasseurs-cueilleurs avaient atteint le continent américain. Qu'est-ce qui, chez notre espèce, a permis aux humains de peupler le globe ? Dans Nature, Hallett et al. abordent cette question et décrivent les résultats d'une étude interdisciplinaire qui identifie les changements dans les niches écologiques occupées par les populations de chasseurs-cueilleurs d'Homo sapiens en Afrique avant leur expansion soutenue vers des régions hors du continent.

    Les auteurs ont examiné une base de données archéologiques du continent africain et les dates associées à ces vestiges. Hallett et ses collègues ont utilisé ces données et des variables issues de simulations paléoclimatiques pour estimer les niches écologiques passées – une niche étant l'ensemble des conditions environnementales et des ressources associées qui permettent à une population ou à une espèce de vivre et de se reproduire.

    Les méthodes corrélatives utilisées par les auteurs sont précieuses pour comprendre l'ensemble des conditions environnementales et les localisations géographiques correspondantes où vivaient les populations passées. Ces méthodes ont permis d'examiner la dynamique des niches sur des périodes de forte variabilité climatique, d'environ 120 000 à 15 000 ans, une période qui englobe les deux derniers cycles glaciaires et interglaciaires. Cette évaluation à long terme rend l'étude de Hallett et ses collègues particulièrement intéressante.

    Les auteurs rapportent que la niche globale occupée par les humains a commencé à s'étendre (Fig. 1) il y a environ 70 000 ans, et que cette expansion a culminé il y a environ 50 000 ans. Cette expansion de niche se caractérise par une occupation accrue des milieux forestiers et désertiques, ainsi que par des variations de température annuelle plus importantes pour ces derniers. Hallett et ses collègues concluent que cette tendance de l'Homo sapiens à occuper et à extraire des ressources d'une plus grande variété d'habitats, englobant un spectre plus large de conditions climatiques, démontre la flexibilité écologique nécessaire à sa réussite lorsque l'Homo sapiens s'est déplacé en Eurasie et a découvert de nouveaux environnements.

     

    Homo sapiens adapted fig1

    Fig.1: Modèles d'occupation de l'habitat chez Homo sapiens en Afrique
    (figure adaptée de l'article de Hallett et al.)

     

    Les auteurs en déduisent également qu'une tendance accrue à se déplacer entre des habitats et des régions diversifiés aurait aussi accru le taux de rencontres entre différents groupes de chasseurs-cueilleurs. Ce phénomène, à son tour, pourrait avoir contribué à façonner le tissu culturel qui définit notre espèce.

    L'analyse de Hallett et ses collègues est un excellent exemple de recherche interdisciplinaire performante qui devient de plus en plus courante en archéologie et en anthropologie. Ce n'est qu'il y a environ 25 ans que les spécialistes de l’écologie ont commencé à utiliser systématiquement des méthodes corrélatives pour modéliser les niches écologiques. Depuis, les scientifiques ont développé et affiné cette approche de manière intensive pour comprendre la répartition et l'évolution des espèces.

    Les archéologues ont également rapidement reconnu l'intérêt de ces méthodes pour interpréter les relations culture-environnement et l'évolution culturelle. Bien que cette approche ne soit pas encore couramment utilisée, les méthodes intégrant la modélisation des niches écologiques sont de plus en plus courantes dans les recherches archéologiques et anthropologiques. Cela permet d'obtenir des informations sur la dynamique des niches et les relations homme-environnement qui n'étaient pas disponibles il y a trente ans.

    L'étude des auteurs constitue un excellent travail scientifique. Cependant, certains facteurs méritent d'être pris en compte lors de la réalisation de tels travaux afin de garantir que les scientifiques soient en mesure d'interpréter au mieux les résultats et, surtout, de comparer les résultats et d'exploiter pleinement les données. Il est crucial que les chercheurs indiquent explicitement ce qu'ils cherchent à estimer écologiquement. En d'autres termes, dans quelle mesure pensons-nous nous rapprocher d'une estimation de la niche fondamentale – l'ensemble des conditions environnementales qu'une espèce peut occuper – par opposition à la niche réellement occupée ? Une telle précision est nécessaire pour que les archéologues et les anthropologues puissent comparer efficacement les résultats.

    À l'aide de méthodes robustes, Hallett et ses collègues plaident en faveur d'une expansion soutenue de la niche d'Homo sapiens en Afrique depuis 70 000 ans. Cependant, cela ne signifie pas nécessairement que toutes les populations africaines, dans différentes régions, ont étendu leurs niches écologiques respectives. Il est nécessaire d'examiner individuellement ces différentes trajectoires culturelles et leurs dynamiques de niche potentielles afin de comprendre l'ensemble des relations culture-environnement présentes sur le continent au cours de la période étudiée. Il est également utile d'examiner les changements technologiques pour acquérir une compréhension approfondie des comportements culturels à l'origine des dynamiques de niche écologique au fil du temps et pour déterminer si et comment des technologies ou innovations spécifiques sont corrélées à la capacité d'occuper des niches passées spécifiques.

    Homo sapiens n'a pas été le premier membre de notre genre à quitter l'Afrique. Bien avant d'entreprendre ce voyage, les premiers membres du genre Homo ont occupé des environnements divers en dehors du continent (Ref1 - Ref2). Lorsque ces hominidés ont quitté l'Afrique il y a environ deux millions d'années, on avance l'hypothèse qu'ils auraient suivi les mêmes habitats qu'ils occupaient en Afrique. Certaines recherches indiquent cependant que de nouvelles zones de conditions environnementales ont probablement été occupées après la sortie des hominidés d'Afrique. D'autres membres anciens de notre genre étaient présents de manière permanente en Europe, y compris aux hautes latitudes, il y a au moins 900 000 ans.

    Il est raisonnable de supposer que la diversité de ces environnements occupés en Eurasie représentait une niche globalement élargie par rapport à celle de leurs ancêtres africains. Je pense que nous ne devrions pas supposer qu'Homo sapiens était unique dans sa capacité à étendre sa niche : les comportements culturels spécifiques ne sont pas nécessairement corrélés à la taxonomie biologique ou aux espèces spécifiques de notre genre.

    Les méthodes de modélisation des niches écologiques sont des outils puissants pour comprendre les contextes environnementaux dans lesquels les comportements culturels passés se sont produits. Elles sont particulièrement utiles pour tenter d'identifier les mécanismes qui ont façonné ces diverses trajectoires culturelles tout au long de la Préhistoire. C'est une époque véritablement passionnante pour un archéologue.

    Nature 644, 44-46 (2025)
    doi: https://doi.org/10.1038/d41586-025-01710-y

     


     

    Annuler les études sur l'ARNm est une irresponsabilité extrême - NATURE 15 août 2025

    Détails
    Catégorie : Sciences
    Publication : 21 août 2025

    NATURE ÉDITORIAL 15 août 2025

    Annuler les études sur l'ARNm est une irresponsabilité extrême.

    Le reste du monde ne suit pas la voie dangereuse du gouvernement américain et s'en tiendra à la technologie qui a permis au monde de sortir de la pandémie de COVID-19

      

    Cancelling mRNA studies is the highest irresponsibility

    La fresque murale de l'artiste de rue italien Harry Greb devant le ministère de la Santé de Rome célébrant l'arrivée des vaccins contre la COVID-19 en 2021. Crédit : Marilla Sicilia/Archivio Marilla Sicilia/Mondadori Portfolio/Getty

    Une technologie qui a joué un rôle essentiel pour sauver des millions de vies pendant la pandémie de COVID-19 mérite d'être célébrée. Au lieu de cela, le secrétaire américain à la Santé, Robert F. Kennedy Jr., a annoncé la semaine dernière que le gouvernement fédéral américain mettait fin à 22 subventions d'une valeur de près de 500 millions de dollars destinées à des projets de recherche sur les vaccins à ARN messager (ARNm).

    Il s'agit de cette technologie que, lors de son premier mandat (2017-2021), le président américain Donald Trump avait incluse dans l'opération Warp Speed : le programme fédéral de 18 milliards de dollars visant à fournir des vaccins contre la COVID-19 aux populations américaines en un temps record. C'est également cette technologie qui présente un potentiel pour le traitement des cancers, des maladies auto-immunes et des maladies héréditaires comme la drépanocytose. Mais aujourd'hui, dans une déclaration accompagnant l'annulation des subventions, Kennedy a déclaré que « ces vaccins ne protègent pas efficacement contre les infections des voies respiratoires supérieures comme la COVID et la grippe ». Et dans un article pour le Washington Post, Jay Bhattacharya, directeur des Instituts nationaux de la santé des États-Unis, a écrit que la technologie de l’ARNm « n’a pas réussi à gagner la confiance du public », ce qui a alimenté l’hésitation à se faire vacciner.

    Le choc et l'incrédulité ne suffisent pas à décrire la réaction des chercheurs en ARNm et en santé publique. L'Alliance for mRNA Medicines, qui représente des entreprises et des universités, a déclaré dans un communiqué : « La diffamation dépourvue de vision scientifique et malavisée de la technologie de l'ARNm par le secrétaire Kennedy et l'annulation de subventions sont l'exemple même de la façon de se tirer une balle dans le pied.»

    Ces propos sont justes. Pourtant, cette annonce n'est pas inattendue. Les opinions de Kennedy sur la vaccination sont bien connues, et hors du consensus scientifique. Comme l'équipe d'information de Nature et d'autres le rapportent depuis des mois, l'administration Trump s'emploie à licencier des spécialistes indépendants et à les remplacer par des nominations politiques dans de nombreux cas. Cela s'est produit dans des domaines scientifiques et de politique publique, notamment la santé, les statistiques économiques et l'environnement.

    Souvent, là où l'ancienne superpuissance scientifique mondiale a montré la voie, d'autres l'ont suivi avec empressement. Mais pas dans ce cas précis. Aucun pays ne se presse pour adopter la doctrine Kennedy. L'une des raisons est que la plupart des pays apprécient que la plateforme de fabrication d'ARNm puisse être réorientée vers d'autres usages. Prévoir la quantité de vaccins à stocker en cas d'urgence a toujours été un véritable casse-tête pour les gouvernements, tout comme le coût du maintien des installations de production ouvertes lorsqu'elles ne sont pas utilisées. Avec l'ARNm, lorsqu'une plateforme n'est pas utilisée pour fabriquer des vaccins, elle ne reste pas inutilisée, ce qui engendrerait des coûts supplémentaires, mais peut au contraire servir à la fabrication d'autres traitements.

    Parallèlement, la technologie de l'ARNm est en passe de permettre aux pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) d'atteindre l'autosuffisance vaccinale en cas d'urgence sanitaire. Pendant la pandémie de COVID-19, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Communauté de brevets pour les médicaments (Medicines Patent Pool), soutenue par les Nations Unies et qui sollicite des licences pour l'utilisation de technologies brevetées, ont mis en place un plan de transfert de la technologie de l'ARNm vers les PRFI. Il s'agissait d'une réponse directe aux décès de personnes dus à l'impossibilité pour leurs gouvernements de se procurer des vaccins coûteux fabriqués à l'étranger, les pays riches accumulant des stocks. Quinze pays ont mis en place un programme visant à établir et, à terme, à accroître la production selon les normes de qualité, de quantité, de sécurité et d'efficacité requises. Le plan, mis en œuvre par Afrigen Biologics and Vaccines, une entreprise basée au Cap, en Afrique du Sud, porte ses fruits. C'est une véritable réussite et un excellent modèle de partage des technologies pour le bien de tous.

    Toute décision relative aux nouvelles technologies implique un calcul bénéfices-risques, et aucune technologie médicale n'est totalement exempte de risques. Cependant, les études évaluant les données de sécurité et d'efficacité confirment de manière écrasante que les bénéfices des vaccins à ARNm l'emportent sur les risques. Ces risques doivent continuer d'être étudiés, tout comme les raisons de la réticence à la vaccination.

    Mais la confiance du public dans les vaccins n'est pas renforcée par l'abandon de la recherche scientifique par les gouvernements. De plus, supprimer le financement d'une technologie de pointe qui a sauvé des vies affaiblira la protection des populations lors de la prochaine pandémie. C'est irresponsable et cela ralentira les progrès mondiaux. Les scientifiques américains, financés par des subventions nationales, ont été largement impliqués dans des collaborations internationales dans la recherche sur l'ARNm.

    Jusqu'à présent, il était impossible d'imaginer la recherche sur l'ARNm sans les États-Unis. Des travaux pionniers sur cette technologie ont été réalisés par des laboratoires américains, notamment les travaux de Paul Krieg et Douglas Melton pour synthétiser l'ARNm en laboratoire dans les années 1980, ainsi que les travaux de Katalin Karikó et Drew Weissman, récompensés par le prix Nobel, sur la façon dont les cellules reconnaissent et réagissent à différentes formes d'ARNm. Et en matière de financement, jusqu'à présent, les États-Unis ont été le seul gouvernement à pouvoir égaler les investissements des entreprises pharmaceutiques dans l'ARNm. C'est pourquoi l'ampleur de la décision américaine ne saurait être surestimée.

    Les pays autres que les États-Unis ont raison de choisir une autre voie. Ils doivent désormais accroître leurs investissements dans les études sur l'ARNm, notamment en augmentant le financement des travaux de l'OMS sur le transfert de technologie de l'ARNm. La pandémie peut sembler lointaine pour certains, mais nous ne devons jamais oublier que des millions de personnes sont aujourd'hui en vie, ou en meilleure santé, grâce à cette technologie vitale.

     


     

    Back to top