1347,  La peste noire en Europe

Patrick Boucheron - Quand l'histoire fait dates - ARTE

En 1347, la grande peste débarque en Europe. En cinq ans, ce mal qui répand la terreur va décimer un tiers de la population européenne. L’épidémie, explosive ou endémique, s’installe pour quatre cent ans et s’éteint seulement en 1722 à Marseille, en 1839 à Istanbul.

De cette catastrophe, la plus terrible que le Moyen-Age ait connu, nous n’avons que des traces indirectes. Car les textes contemporains se taisent le plus souvent sur l’épidémie elle-même — tout au plus en enregistrent-ils, incidemment, les effets. Tout se passe comme si les cadres sociaux étaient parvenus à amortir ce phénomène massif, qui conduisit portant selon les lieux à la disparition de plus de la moitié de la population. Le mécanisme réel de sa contagion est resté un mystère pendant plus de 500 ans. Après bien des controverses, et l’identification tardive du bacille par Alexandre Yersin, la puce du rat s’est imposée comme le vecteur majeur et latent de la peste grâce à la statistique archéo-zoologique.

Alors même que les épidémies contemporaines effraient et signalent une fragilité inattendue d’un monde interconnecté et global, cette épidémie qui a dévasté l’ancien monde, parcourant les routes d’espaces déjà densément connectés, a été le marqueur d’une première mise en relation massive des espaces de l’Eurasie et du monde méditerranéen.