Ascenseur pour l'échafaud
Un film de Louis Malle (1957) avec Jeanne Moreau et Maurice Ronet
Un meurtrier reste bloqué dans un ascenseur, tandis que sa maîtresse erre dans Paris à sa recherche... L'éblouissant "exercice de style" de Louis Malle, sublimé par la musique de Miles Davis et la présence magnétique de Jeanne Moreau.
Julien Tavernier, ancien para', accomplit le crime parfait en supprimant le mari de sa maîtresse, un marchand de canons. Mais, contraint de revenir sur les lieux, il est bloqué dans l’ascenseur par une panne de courant. Sa complice l’attend en vain au café, puis passe la nuit à chercher sa trace…
Naissance d’un cinéaste
En 1957, Louis Malle a 25 ans. Après avoir obtenu la récompense suprême à Cannes pour Le monde du silence, coréalisé avec le commandant Cousteau, il reçoit le prix Louis-Delluc pour ce premier long métrage de fiction qu’il voit comme un "exercice de style". Sur la base d’un polar classique, le film rend hommage au cinéma américain et à Hitchcock spécifiquement. Dans la scène de l’ascenseur, l’attention portée aux objets (le briquet, le paquet de cigarettes, le couteau…) évoque Robert Bresson, dont Louis Malle a été l’assistant. En même temps, Ascenseur pour l’échafaud annonce une rupture avec la production de l’époque. Construction abstraite du récit, parti pris de ne jamais montrer les amants ensemble (sauf en photo), arabesques nerveuses improvisées par Miles Davis à la trompette : un style est en train d'éclore, elliptique, incisif, dépouillé, brûlant de l’intérieur. Louis Malle révèle aussi ses qualités de directeur d’acteurs avec Jeanne Moreau, émouvante, magnétique, déambulant dans une ville scintillante de lumières, et Maurice Ronet, sobre et convaincant.