Le feu follet
Un film de Louis Malle (1963) avec Maurice Ronet
Transposition bouleversante du roman de Pierre Drieu la Rochelle, le film de Louis Malle offre à Maurice Ronet un grand rôle de héros désespéré, consumé par un feu intérieur.
Une maison de repos près de Paris. Alain Leroy, la trentaine, sort d'une cure de désintoxication ratée. Décidé à mettre fin à ses jours, il inscrit la date de son suicide, le 23 juillet, sur la glace au-dessus de la cheminée. Avant le jour fatidique, Alain revoit une Américaine qui veut l'épouser, son ami Dubourg et d'anciens complices des nuits folles. Il traîne dans les bars... "Le cercle de la solitude armé de pointes intérieures" se referme. Reste le Luger, sur sa table de nuit…
Tragique et dérisoire
Dans les bras d'une femme, auprès d'hommes qui ne peuvent ni l'aider à mourir ni le persuader de vivre, Alain Leroy saisit combien il n'a pas su aimer, combien il ne sait pas vivre, et refuse de faire semblant. L'adaptation par Louis Malle du roman de Pierre Drieu la Rochelle (qui mettra lui-même fin à ses jours en 1945, après que son goût pour l'introspection lucide et désespérée a dérivé vers l’aveuglement fasciste dès 1934) permet une lecture à la fois fidèle et personnelle de l'œuvre. L'époque et la drogue diffèrent (héroïnomane dans le livre, paru dans les années 1930, Alain est alcoolique en 1963), ainsi que le choix du tragique et du dérisoire opéré par le réalisateur : dans sa version, l'on sait dès le début que le jeune homme va vers sa fin. Poignant, nourri des propres inquiétudes et de la sensibilité de Louis Malle : probablement l'un des meilleurs films du cinéaste.