Le voleur

Un film de Louis Malle (1966) avec Jean-Paul Belmondo, Geneviève Bujold et Charles Denner

Hommage à Jean-Paul Belmondo avec ce beau film de Louis Malle (1967) qui raconte les tribulations d’un expert solitaire du cambriolage dans le Paris corrompu de la Belle Époque. Belmondo, irrésistiblement mélancolique, y est entouré d'une pléiade d'actrices : Geneviève Bujold, Marie Dubois, Françoise Fabian, Bernadette Lafont et Marlène Jobert.
 

 
Au crépuscule du XIXe siècle, Georges Randal, orphelin élevé par un oncle aussi sinistre que vénal, ne trouve de réconfort qu’auprès de sa cousine, la pétillante Charlotte. Lorsque, de retour dans la maison familiale après ses études, il apprend que son tuteur veut marier la jeune fille à un riche parti, il vole par dépit les bijoux de la future belle-mère. Cet acte de vengeance lui révèle alors sa vocation de cambrioleur, qu’accompagne bientôt, en expert du genre, l’abbé La Margelle.

Processus de destruction

En adaptant le roman éponyme de Georges Darien, Louis Malle met habilement en scène le portrait d’un loup solitaire, qui ne vit jamais plus intensément que lors de ses visites nocturnes dans les manoirs de la Belle Époque. Étonnant de sang-froid, alliant sûreté du geste et curiosité mauvaise des petits secrets d'une grande bourgeoisie qu’il méprise, ce voleur pratique son métier comme un art noir. C’est ce "processus de création" – ou de destruction – qui fascine le cinéaste, lequel suit son héros mélancolique dans sa quête infinie d’effractions. À l’inverse d’un Arsène Lupin, Georges Randal abîme et fracasse sans état d’âme, plus désabusé encore que cynique. Autour d’un Belmondo en gants blancs d’une impeccable sobriété gravitent, entre ombres et lumières, demi-mondaines manipulatrices autant que victimes, politiciens corrompus, voyou libertaire et cet abbé malfrat d’une impériale lucidité, tous formidablement incarnés par un casting de "haut vol". D’une beauté sèche – même Charlotte échoue à emporter son amour vers une heureuse rédemption –, le film chronique en filigrane une France condamnée à une trouble décadence.