𝐔𝐍 𝐏𝐄𝐓𝐈𝐓 𝐏𝐎𝐈𝐍𝐓 𝐒𝐔𝐑 𝐋𝐄𝐒 𝐕𝐀𝐂𝐂𝐈𝐍𝐒 𝐋𝐄𝐒 𝐏𝐋𝐔𝐒 đ€đ•đ€đđ‚đ„Ìđ’ 𝐂𝐎𝐍𝐓𝐑𝐄 𝐋𝐄 𝐒𝐀𝐑𝐒-𝐂𝐎𝐕-𝟐 (đ«đžđŹđ©đšđ§đŹđšđ›đ„đž 𝐝𝐞 đ„đš 𝐂𝐎𝐕𝐈𝐃-𝟏𝟗)

Nous en avons parlé longuement récemment, les vaccins les plus avancés sont deux vaccins à ARN messager (mRNA), pour lesquels l'antigÚne correspondant à une partie de la protéine Spike du virus est produit par ce mRNA de synthÚse utilisant les outils naturels des cellules humaines pour produire la molécule antagénique. Celle-ci, reconnue comme un corps étranger (mais inoffensif, car ne représentant qu'une toute petite partie du virus), conduira à la fabrication d'anticorps spécifiques de cet antigÚne. Si bien que lorsque notre organisme sera exposé au vrai coronavirus, la petite partie de protéine ayant servi d'antigÚne "d'apprentissage" sera reconnue par nos anticorps et mettra en oeuvre les cellules de notre corps participant à l'immunité et à la destruction des cellules infectées.
 
Les deux vaccins Ă  mRNA les plus avancĂ©s sont ceux issus de la collaboration entre la biotech allemande BioNTech et l'amĂ©ricain Pfizer, d'une part, et celui de la biotech amĂ©ricaine Moderna d'autre part. Les Ă©tudes de ces vaccins se poursuivent actuellement activement en Phase III clinique, c'est Ă  dire Ă  un stade trĂšs proche de la demande d'autorisation de mise sur le marchĂ©. Avantage : ils protĂšgent Ă  plus de 95% (aucun vaccin ne protĂšge Ă  100%), ce qui constitue le plus haut taux de protection enregistrĂ© jusqu'ici, mais, inconvĂ©nient : ils nĂ©cessitent un stockage Ă  trĂšs basse tempĂ©rature, -80°C pour le Pfizer/BioNTech, et semble-t-il, environ -40°C pour le Moderna. Pfizer a toutefois dĂ©jĂ  mis en place toute une infrastructure pour stocker et transporter son vaccin dans ces conditions. Toutefois, des infos rĂ©centes indiquent qu'il s'agirait lĂ  d'un luxe de prĂ©caution, car si une tempĂ©rature de -80°C est nĂ©cessaire pour stocker les doses du vaccin Pfizer Ă  long terme, il pourrait ĂȘtre stable pendant une semaine entre 2 et -20°C. Ce qui permettrait d'Ă©viter d'une part l'Ă©tape la plus risquĂ©e : embarquer de grandes quantitĂ©s de glace carbonique dans les avions, et Ă©viter une infrastructure lourde Ă  destination, si les doses nĂ©cessaires sont expĂ©diĂ©es Ă  un rythme hebdomadaire.
Le troisiĂšme vaccin Ă  base d'ARN messager est celui d'une autre sociĂ©tĂ© allemande, CurVac. Celle-lĂ  mĂȘme que Trump avait imaginĂ© racheter quand la pandĂ©mie a touchĂ© les Etats-Unis, car elle Ă©tait alors la plus avancĂ©e, et Trump espĂ©rait ainsi rĂ©server le vaccin aux seuls amĂ©ricains. CureVac a entretemps pris du retard sur ses concurrents et n'est encore qu'en Phase II clinique.
 
Trois autres sociĂ©tĂ©s aux recherches avancĂ©es ont choisi une autre approche. Il s'agit de la sociĂ©tĂ© britannique Astra Zeneca, de l'amĂ©ricain Johnson & Johnson, dont la filiale belge Janssen Pharmaceutica est particuliĂšrement active dans le projet, et le vaccin russe Sputnik V de la sociĂ©tĂ© russe GalameĂŻa, dĂ©pendant du ministĂšre de la santĂ©. Dans ces trois cas, il s'agit de l'incorporation du gĂšne codant pour la protĂ©ine Spke du coronavirus SARS-Cov-2 dans l'ADN d'un adĂ©novirus dont on a bloquĂ© la possibilitĂ© de se rĂ©pliquer. Ce sont ce qu'on appelle des vaccins Ă  ADN recombinant. Les adĂ©novirus sont trĂšs frĂ©quents et souvent responsables de maladies assez bĂ©nignes, telles que des pharyngites, des problĂšmes gastro-intestinaux ou encore des conjonctivites. Le vaccin d'Astra Zeneca, par exemple utilise un adĂ©novirus provoquant une rhinite chez le chimpanzĂ©. En l'empĂȘchant de se rĂ©pliquer, on Ă©vite Ă©galement ces petites pathologies. Les avantages de cette approche sont tout d'abord la stabilitĂ© de ces vaccins, qui peuvent ĂȘtre conservĂ©s au rĂ©frigĂ©rateur, et leurs coĂ»ts infĂ©rieurs Ă  ceux des virus Ă  mRNA. Les vaccins d'Astra Zenaca et de Johnson and Johnson s'avĂšrent toutefois moins efficaces que les vaccins Ă  mRNA, puisque leur protection serait de l'ordre de 70 Ă  80%. Ces deux vaccins ont aussi subit des arrĂȘts au cours de leur dĂ©veloppement clinique, pour des raisons encore peu claires, avant que les essais de Phase III ne reprennent. L'administration du vaccin russe devrait commencer Ă  grande Ă©chelle dĂšs le dĂ©but de l'annĂ©e prochaine, mais on connaĂźt trĂšs peu de choses sur son efficacitĂ© et sur ses effets indĂ©sirables.
 
Les sociĂ©tĂ©s françaises Sanofi et britannique GSK, quant Ă  elles, se sont associĂ©es pour produire un vaccin d'un autre type encore. Ici, il s'agit d'une protĂ©ine recombinante du SARS-Cov-2. Les deux sociĂ©tĂ©s ont une grande expĂ©rience en matiĂšre de vaccins. Rappelons que la branche GSK Biologicals est basĂ©e en Belgique et est passĂ©e maĂźtre dans la vaccination contre l'hĂ©patite B. Tandis que Sanofi a dĂ©veloppĂ© une grande expertise en protĂ©ines recombinantes utilisĂ©es pour la production de vaccins contre la grippe saisonniĂšre. De quoi s'agit-il ? Dans ce cas, on n'administre pas un mRNA prĂ©curseur de l'antigĂšne, ni un virus possĂ©dant le gĂšne codant pour cet antigĂšne. Mais on fabrique directement l'antigĂšne, par une mĂ©thode utilisant la sĂ©quence d'ADN correspondante, en l'incorporant dans l'ADN d'une bactĂ©rie. Cet ADN bactĂ©rien formant un cycle, qu'on appelle un plasmide, est isolĂ© du reste de la bactĂ©rie. On coupe les plasmides Ă  l'aide d'enzymes spĂ©cifiques des bactĂ©ries, appelĂ©es enzymes de restrictions, en des endroits qui permettent l'accrochage de l'ADN de l'antigĂšne qu'on veut produire. Le nouveau plasmide ainsi reconstituĂ© contient donc un ADN supplĂ©mentaire, appelĂ© ADN recombinant ou rDNA. Ce plasmide est rĂ©injectĂ© dans une bactĂ©rie. Les bactĂ©ries contenant ces rDNA produisent donc les protĂ©ines nĂ©cessaires Ă  leur propre vie, mais cette fois Ă©galement une protĂ©ine supplĂ©mentaire provenant du rDNA. Elles sont mises en incubation dans de gros incubateurs, oĂč elles vont se reproduire. Quand suffisamment de bactĂ©ries sont produites, elles sont traitĂ©es pour en extraire et purifier cette nouvelle protĂ©ine recombinante. C'est ainsi par exemple, qu'on produit actuellement de l'insuline humaine (et non plus animale comme par le passĂ©) pour traiter les personnes diabĂ©tiques. Dans ce cas-ci donc, la protĂ©ine recombinante est un antigĂšne correspondant Ă  un morceau de protĂ©ine du coronavirus. Le vaccin de Sanofi/GSK est actuellement en Phase II et est testĂ© sur environ 400 volontaires. Trop tĂŽt donc pour Ă©tablir son profil d'efficacitĂ© et de tolĂ©rance. Ils espĂšrent entamer les Phases III au dĂ©but du mois de dĂ©cembre. Le prix devrait ĂȘtre assez avantageux, et ils se sont dĂ©jĂ  engagĂ©s Ă  produire deux millions de doses Ă  des prix particuliĂšrement abordables pour les pays pauvres.
 
Du cÎté chinois,l'Académie des sciences médicales militaires et la compagnie pharmaceutique CanSino Bio ont également développé un vaccin à base de protéine recombinante et l'aurait déjà testée sur des militaires, alors qu'il est encore en phase d'essais cliniques. La compagnie et l'académie signalent des effets encourageants, bien que fiÚvre et fatigue ont été rapportés à l'issue de la Phase II.
Enfin les sociétés chinoises Sinopharm et Sinovac développent des vaccins à base de virus SARS-CoV-2 déactivés (procédé utilisé pour les tous premiers vaccins). Les deux vaccins de Sinopharm sont en Phase III et des millions de Chinois auraient déjà été vaccinés, malgré que les essais cliniques ne sont pas terminés. Le CoronaVac de Sinovac Life Sciences est actuellement en Phase II.
 
La Belgique s’est dĂ©jĂ  engagĂ©e Ă  acheter des doses de 5 de ces vaccins, une fois que leur mise sur le marchĂ© sera approuvĂ©e. Il s’agit des vaccins Ă  mRNA de Pfizer/BioNTech, de Moderna et de CureVac, ainsi que les vaccins Ă  adenovirus d’Astra Zeneca et de Johnson & Johnson. Aucune dĂ©cision n’a encore Ă©tĂ© prise concernant le vaccin Ă  protĂ©ine recombinante de Sanofi/GSK. Il n’est cependant pas certain que tous ces vaccins arriveront sur le marchĂ© ni que certains seront nettement moins efficaces que d’autres. Ceci explique ce luxe de prĂ©cautions.